samedi 18 février 2012

La beauté est en voie d'extinction !





Ces derniers temps, il me semble avoir repris le contrôle de mon corps, abandonnant ainsi mes multiples identités à leur monde. Elles se débattent sûrement pour retrouver l'emprise sur ma personne, et raconter cette vie qui ne leur appartient pas, avec des mots volés. Je suis habité par des démons qui ne me quitteront probablement jamais, car ils sont sans aucun doute, une partie inhérente de mon Moi. Merci Sigmund, bientôt je parlerais du Ça et du Surmoi !



Un certain Nouwanda, reflétant la révolte que m'inspire notre société, tel que nous la façonnons, mais bien incapable d'enflammer davantage que les phrases d'un pamphlet. Les mots et le talent me manquent pour vous exprimer ce que, chaque jour, je ressens aux vues des choix et des priorités de notre civilisation, qui vaut tellement plus que les autres. Je pense malheureusement qu'aucun peuple n'est en mesure de s'ériger en exemple, car je crains que l'Homme soit la pire créature de notre monde.

C'est sans doute à cet instant que Nousantra s'inspire de mes pensées... cette femme, haïssant l'Homme pour sa brutalité, sa malveillance, sa méchanceté, sa perversité, son égoïsme, sa cruauté ; et je pourrais encore continuer sur bien des lignes cet immonde inventaire, car notre lexique ne manque pas de ces synonymes, qui peignent à la perfection le portrait de notre espèce. En plus c'est une femme ! Alors inutile de vous préciser que sur l'échelle de la soumission, les femmes restent broyées par cette loi du plus fort, qui subsiste toujours dans nos cerveaux reptiliens. Faites place à la Loi du talion ! Tu ne violeras point, ou je t'enverrais séjourner chez des sodomites performers... mais c'est qu'il pourrait bien aimer ça ! Nousantra a raison de proposer une castration au ciseau de bois ! Je réserve immanquablement la première ablation à Mademoiselle Ocytocine. C'est cadeau.

Noanda pourrait être le premier client de ce nouveau sport, car il incarne à lui seul, ce qu'il y a de plus haïssable chez l'Homme ; partageant le même corps que cet animal, je préconiserais tout de même une thérapie de groupe avant de l'émasculer... Bien forcé d'avouer que sa présence en mes entrailles n'est pas innocente, je combat sans relâche mes vils instincts (c'est ici que je pourrais parler du Ça et du Surmoi... mais non!). Cet individu est mon pire cauchemar, celui que je refuse d'être, celui pour qui je n'aurais aucune pitié, aucune compassion... Il est l'individualisme, la jalousie et la cupidité de notre société. Il est la peur de l'autre. L'hypocrisie. Il est en chacun de nous, plus ou moins dissimulé selon la volonté que l'on met à le combattre, à le détruire et l'éradiquer de notre corps.

Et puis il y a les longues soirées d'hiver près de la cheminée, les balades en forêt avec le petit Attila, les repas entre amis sous le soleil d'été. Toutes ces occasions qui vous font penser uniquement à vous et votre petit cercle, car les autres, finalement, on s'en fout. En tout cas, pour être heureux, mieux vaut-il voir le monde avec les yeux de Nouanda. Ce bon père de famille, qui, d'une parole bienveillante, console sa femme, son fils ou son ami. Cet homme souriant et aimant, qui accompagne les siens le long de cette route chaotique qu'est la vie, sans jamais se plaindre. Il est peut-être là, en moi, terré sous la colère, atténuant mes plaies les plus profondes...

L'enfant. Noubamba. Un souvenir d'innocence que l'on voudrait revivre. Une bouffé d'oxygène dans ce monde pollué d'adultes. Un rire naïf. Une parole inoffensive. Ne penser qu'à l'instant présent, ne rien anticiper, pour être chaque fois émerveillé par ce que l'on voit. Cela ne nous arrivera plus jamais, mais je rêve des fois, d'être un enfant, pour ne me consacrer qu'à l'amusement et au bien-être immédiat.



Connaissez-vous Joshua Bell ? Et Gene Weingarten ? Le premier est un incroyable violoniste de notre époque, et le second est un journaliste américain du Washington Post. Quel est le lien entre ces deux hommes ? Eh bien ils se sont lancés dans une expérience des plus enrichissante. Par un froid matin de janvier, dans le métro de Washington, notre virtuose a joué, incognito, 6 morceaux de Bach pendant environ 45 minutes. Personne ne savait mais ce musicien d'exception jouait, sur un Stradivarius de 3,5 millions de dollars, les compositions les plus difficiles du répertoire classique. Deux jours avant sa prestation dans le métro, il faisait salle comble dans un théâtre de Boston, à 100$ le siège. Mais ce matin là, dans cette station de métro, durant ces 45 minutes, presque personne ne s'est arrêté pour l'écouter... Un monsieur s'est attardé quelques secondes avant de regarder sa montre pour reprendre sa course d'un pas pressé ; puis une dame a jeté de l'argent dans son étui, sans s'arrêter. Mais celui qui a porté le plus d'attention à la représentation musicale fût un enfant de 3 ans. Sa mère l'a tiré vers elle, mais le garçon s'est quand même arrêté pour écouter le violoniste ; elle a tiré plus fort et l'enfant a continué à se retourner tant qu'il pouvait. Cette action s'est répétée avec d'autres enfants, et tous les parents, sans exception, les poussaient à aller de l'avant.
Le sujet de l'expérience était : dans un environnement commun, à une heure inappropriée, sommes-nous en mesure de percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour l'apprécier ? Savons-nous reconnaître le talent dans un contexte inattendu ?
Nous, non. Mais les enfants, oui. Dégagés de toutes ces contraintes, libérés des priorités et impératifs, ignorant l'espace et le temps, les enfants sont directement connectés avec le monde. Ils le vivent sur l'instant, sans modération, avec les sens constamment en éveil, toujours près à entendre, voir ou sentir quelque chose de nouveau, de surprenant, d'agréable.

Mais nous, nous avons perdu cette chance. Mille personnes sont restés indifférentes à un des plus grands musiciens de notre époque, jouant parmi les plus belles pièces de musique classique jamais écrite, sur un des plus beaux instruments jamais créé, et cela aurait pu inclure vous et moi.


Posez-vous la question: Qu’avez-vous manqué aujourd’hui ?



Nouhanda

2 commentaires:

  1. J'ai vu cette vidéo-test:J'ose espérer que même pressée pour aller au travail j'aurais pris quelques minutes?
    secondes?
    pour écouter cet incroyable musicien...

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  2. On l'espère tous !!!
    En tout cas depuis que j'ai lu cet article, je perds un temps fou dans le métro... je m'arrête à chaque fois !

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