On
voit chaque jour, nos politiciens se démener, mettre leur vie privée
de côté, se saigner pour nous, pour épargner le peuple, sortir
notre pays de cette terrible crise. Comment ce pourrait-il que tant
d'énergie, d'abnégation, une telle solidarité entre les États du
monde entier ne puisse venir à bout de cet effondrement économique
qui nous frappe de plein fouet ?! J'ai passé des nuits blanches
à réfléchir à cette question, sans pouvoir fermer l’œil,
attentif aux pleures d'un monde affamé et nourrissant l'espoir de
comprendre un jour. Mais c'est un soir d’accalmie, alors que mon
fils dormait, que je pu paisiblement m'allonger devant un film
« Le goût des autres ». Et là enfin, j'ai compris !
Et si nos politiciens ne cherchaient pas les bons coupables ! Si
la gangrène de ce monde n'était pas due aux subprimes ni à
l'enrichissement du plus petit nombre, mais à un groupe d'individus,
peu scrupuleux, qui auraient négligemment effondrés ce château de
cartes pour leur plus grand plaisir.
Alors
que nos politiciens entament une croisade pour protéger les plus
faibles d'entre nous, j'observe et reste admiratif. Le 9 novembre
dernier, notre ministre du Tourisme, Freddy Lafève, a longuement
réfléchi à un moyen pour soutenir la classe riche. La nourriture
étant pour la plupart d'entre nous un paramètre incontournable de
notre quotidien, Monsieur le Ministre a rapidement pris conscience de
l'importance d'améliorer l'accès à celle-ci, pour les plus
nécessiteux... Mais comme toujours, la balance des budgets impose un
rééquilibrage minutieux afin de ne pas écrouler le fameux château
de carte. Il s'agissait donc d'un véritable exercice d'équilibriste,
que Monsieur Lafève a accompli avec brio. Il a commencé son combat
contre l'injustice, en s'attaquant aux géants de la restauration.
Ces entreprises de restauration collective qui alimentent sans
scrupule les cantines d'entreprises, les hôpitaux, les maisons de
retraites et même (tenez-vous bien!) les écoles... Il fallait donc
frapper un bon coup, passer un message, que ces lobbying ne
continuent pas à sévir en toute impunité ! Le ton fût
donné : la TVA passerait de 5,5% à 7%.
Notre
valeureux Ministre, bien qu'épuisé par cette bataille, n'avait pas
encore montré toutes ses cartes. Fin stratège d'une économie au
service du peuple, il remit sa cape de justicier pour réinjecter
cette plus-value à qui de droit ! Dans la même semaine, en
accord avec le plan de rigueur annoncé par notre Premier Ministre
Francis Fion, il supprima la taxe de 2% sur les hôtels de luxe. Les
indigents de l'hôtel Georges V à Varis notre capitale, sont passés proches d'un
noctambulisme forcé, entre les Champs et l'Arc, harcelés par les
scintillements permanents des devantures de Fior, Yves Sans Laurent, Caultier, Chamel... L'altruisme de notre Ministre pour ses congénères
a évité aux insolvables de la rue Furstemberg
de ne pouvoir accéder au
droit le plus précieux : dormir dans un palace ! Car voyez
par vous même : une suite à 200€ se serait transformé en un
inabordable décaissement de 4€ supplémentaires ; et ne
parlons pas des plus misérables de notre monde, ceux qui se seraient
endettés de 20€ pour une nuit salvatrice au Karl Ton à 1000€...
Comprenez bien qu'il en allait de la crédibilité du gouvernement et
de son engagement à protéger ses citoyens. Si Monsieur le Ministre
n'avait pas eu cette audace, nous aurions assisté à un cataclysme
justifié de l'ensemble de la population. Des PDG, des cadres, des
hauts fonctionnaires, des rentiers, des bourgeois et même des nobles
(car par bonheur il en existe toujours!) devraient payer le prix fort
d'une taxe injuste et disproportionnée ?! Non! Non ! Et
non ! L'admirable Lafève a su réagir promptement et
efficacement !
Face
à tant de générosité, il me fallait réagir au plus vite. Dès le
lendemain je me suis précipité aux aurores auprès des dames de
cantine de mon école. J'avais préparé mon allocution afin que ma
ruse passe inaperçue.
« Je
suis atterré par les difficultés que vous rencontrez
quotidiennement pour nourrir ces enfants de manière équilibré !
Un
peu de flatterie n'a jamais nuit à une subtile stratégie d'abordage
intellectuel !
-À
qui le dites-vous ?! En plus ces mômes devraient nous être
reconnaissants. Il est évident qu'ils n'ont pas les moyens de manger
un petit salé aux cailloux-lentilles chez eux !
Précisons
que nous sommes dans le quartier le plus défavorisé de Parcelles,
banlieue nord de Varis.
-
Écoutez ! J'ai une idée, mais elle doit rester entre nous ?!
-
Oui, oui, allez-y, on vous écoute...
-
Servez de menues portions lorsqu'il s'agit d'une nourriture peu
diététique comme les frites, les pâtes, les cordons bleus ;
et interdisez les récréations à ceux qui ne terminent pas leurs
carottes, leurs choux et leur ratatouille ! Ainsi vous aurez
bonne conscience en améliorant leur alimentation.
-
Oui mais quel gâchis pour toutes ces portions non consommées.
-
C'est vrai ! Vous avez raison ! Il faut trouver une
solution pour redistribuer cette nourriture à ceux qui savent
l'apprécier !
Laissons
croire que la solution vient d'elles afin de ne pas éveiller les
soupçons, mais surtout pour se protéger en cas d'investigation des
services municipaux.
-
On pourrait peut-être se les partager entre nous ?!
« Coupable
levez-vous ! » « Je n'ai rien dit de tel Monsieur le
Maire Socialiste ! »
-
Excellente idée, je n'y avais pas pensé !
C'est
à partir de cet instant que je me suis senti un peu plus léger. Il
est de notre devoir à tous, de participer à son échelle, à
l'effort collectif. Lorsque nous avons la chance d'avoir, dans nos
plus hautes sphères, des modèles, sur qui l'on peut compter à
chaque instant, nous nous devons de prendre exemple. C'est dans un
élan commun, et non individuel, que nous trouverons notre salut !
A
bon entendeur, salut !
Noanda
Noanda
Merci d'avoir posé un pied chez moi, pour ma part je ne regrette pas ma petite incursion sur ton blog.
RépondreSupprimerDormir ou manger ? Il me semblait que ce qui caractérisait l'opulence étaient les victuailles abondantes, mais il semblerait que ce soit devenu erroné, les bonnes valeurs se traduiraient-elles maintenant par des plumes d'oie et des barreaux d'or ? Il faut que je me mette à jour.
Pour en revenir à la bouffe, est-ce que la taxe va augmenter également pour les "déjeuners" de "discussion" quant au "redressement de la zone euro" ?
Pour le petit peuple, quelques solutions s'offre à lui :
RépondreSupprimer- organiser des déjeuners de discussion en toute clandestinité, afin de ne pas risquer d'être taxé.
- faire voter à nos députés une défiscalisation.
- intégrer un groupe sous une fausse identité.
Pour les déjeuners de discussion du gouvernement, la fiscalisation est différente : ils sont payés avec ce qu'ils nous ont taxé ! Il faut bien en faire quelque chose de cet argent !
Pour d'autres histoires dans ton blog je t'offre une carte de fidelité pour mes conseils fiscaux... et ce n'est pas du clientélisme !
Concernant les solutions que tu proposes pour le petit peuple, attention ! Les regroupements de personnes peuvent coûter cher : http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_pour_la_s%C3%A9curit%C3%A9_int%C3%A9rieure_de_2003
RépondreSupprimerDésolée, je ne retrouve pas l'article précis ayant trait à la réunion de personnes dans un hall d'immeuble ou une cage d'escalier.
Elle est gratuite, ta carte de fidélité ? Tiens, j'aurais pu en parler, ça, des cartes de fidélité payantes !
Pour ta grande passion pour les cartes de fidélité, mais surtout pour tes deux derniers articles... chose promis, chose due !
RépondreSupprimerTe voilà en possession d'une carte de fidélité OR : comprenant les conseils fiscaux, sentimentaux et bricolage en tout genre !
Félicitation !